"L'éblouissement de la mort"
Série : Rouge n° 136
Nombre d'histoire : Une seule.
Citation d'ouverture :
"Mais je n'ai plus trouvé qu'un horrible mélange
d'os et de chairs meurtris, et traînés dans la fange,
Des lambeaux pleins de sang, et des membres affreux
Que des chiens dévorants se disputaient entre eux." - (Athalie) Jean Racine
Résumé : Attention c'est compliqué !
(j'ai d'abord tenté de faire un résumé "normal", mais c'était impossible)
1/ Thomas Whiting, pilote d’avion, est pris dans une tempête.
Il parvient à réaliser un atterrissage forcé en pleine campagne.
Sous une pluie torrentielle, il part à la recherche d’une maison de laquelle il
pourrait passer un coup de téléphone, et tombe nez à nez avec une jeune
cavalière capuchonnée. Il lui explique ses mésaventures, mais la jeune femme,
du nom de Viva, ne comprend pas un mot de ce qu’il dit. Elle ignore ce qu’est
un téléphone, et se demande quel est cet "oiseau de fer" duquel
elle a vu sortir Thomas. Bizarre. Quoi qu’il en soit, elle lui propose de
passer la nuit dans sa demeure, ou elle vit avec son père, Germain Huppert. Enfin
au sec, et autour d’un bon repas, il pose quelques questions concernant Viva,
son apparent retard mental, ce qui ne plaît guère au maître des lieux, lequel, embarrassé,
répond vaguement à ses questions.
2 / La vérité est que Germain Huppert n’est pas le père de Viva. Pendant la
seconde guerre mondiale, il était docteur-scientifique au service du IIIème
Reich, pour lequel il était en pleine recherche d’un sérum de "guérison totale" (façon
Wolverine dans X-Men). Quelques temps après la capitulation allemande (lui s’en
est tiré en se barrant in extremis), ses recherches concernant le sérum continuent,
et l’amènent à kidnapper Viva. Il la séquestre dans son manoir perdu dans la
campagne Suisse, dans lequel il vit sous un faux nom, afin de finaliser son
produit miracle sur un cobaye.
3 / Viva ne s’appelle pas Viva. Son vrai nom est Marie Duteil. Au moment ou
Germain Huppert la capture, elle est la Gun-Moll, c'est-à-dire la compagne de
Marcel le Marseillais, un mafieux du sud (d’où sa subtile appellation). Pendant
qu’ils s’échappent de France, Marie, ignorant tout de la véritable profession
de son époux, s’énerve dans la voiture! Marcel rate un virage alors qu’ils sont
arrivés en Suisse, et ils tombent dans un ravin. C’est à ce moment que Germain Huppert kidnappe Marie, toujours en vie. Seulement, elle a contracté une sorte
de cancer post-traumatique unique et sa peau subit fréquemment une « combustion
spontanée ». En gros, elle brûle, sans flammes, et sans mourir. Seul
Gaston a un remède : une piqûre à lui faire tout les mois, jusqu'à ce
qu’il trouve son fameux sérum de "guérison totale". De plus, Marie
a mentalement régressé, pour retourner au stade infantile.
4/ Quant à Thomas, le héros du récit, on apprend qu’étant petit, il a tué sa
mère par accident, en envoyant son avion télécommandé droit dans la baignoire,
alors qu’elle prenait un bain. Malgré le choc, sa passion pour les "oiseaux
de fer" est toujours présente, et il s’engage quelques années plus tard dans
l’armée, en tant que pilote. N’étant attiré par aucune fille, il réalise qu’il
est gay (détail complètement inutile, mais passons), et a fréquemment des
visions de la Mort elle-même, pendant qu’il conduit son coucou (d’où le titre
du récit).
DONC :
Thomas tombe amoureux de Marie, ils s’échappent du manoir, et
passent du bon temps à Marseille. Comme par hasard, ils croisent deux des
anciens ennemis de Marcel le mafieux marseillais, dont l’un a
une tentacule d’acier
en guise de bras (?!). Marie ne les connaît pas mais eux la reconnaissent, et profitent
de l’absence de Thomas pour la violer, afin de savoir "
où est passé le
pognon " (volé par Marcel quelques années auparavant : c‘est pour ça
qu’il cherchait à fuir la France).
N’ayant pas eu sa piqûre mensuelle, Marie, sous leurs yeux, devient soudainement
repoussante, car toute brûlée. Les
mafieux s’échappent, horrifiés. Thomas arrive, la console, la conduit dans un hôpital,
où elle est
entièrement bandée. Ne voulant pas que son amour voit son atroce
visage, elle porte donc un masque blanc.
Ils décident de retourner au manoir, afin que Germain Huppert administre le
remède miracle a Marie. Ce dernier refuse, et alors qu’ils sont en pleine
bagarre (Gaston meurt), on observe que les Marseillais les ont suivis ! Ces
derniers font brûler le manoir, Thomas et Marie s’échappent en avion, les Marseillais
tirent, l’avion prend feu,
la Mort apparaît à Thomas, et les deux amoureux s’écrasent
sur le bateau des Marseillais.
Absolument tout le monde est mort, et si la police cherche le fin mot de cette
affaire, ils auront probablement du fil à retordre !
-
FIN -
EN + : Une histoire riche, dense, tordue, et très cinématographique. Marie
Duteil semble être un savant mélange de la
Simone Choule du film de Polanski "Le
locataire", tiré du "Locataire Chimérique" de Roland Topor,
avec l’Edith Scob des "
Yeux sans Visage",
chef-d’œuvre absolu du cinéma Français,
réalisé par le magnifique Georges Franju.
La trame est vraiment complexe, non dans son fond, mais dans sa forme, mais tant mieux, ça ne
donne que plus d’épaisseur au récit. Cette histoire a du souffle, et bien qu’elle
s’éparpille parfois, les trois personnages principaux ont du coup le
mérite d’être largement développés, ce qui n’est malheureusement pas toujours
le cas. A noter également : la superbe couverture résumant on ne peut mieux ce
sombre récit.
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